9 Conseils pour Réussir son Passage en Salon du Livre
Bon, je suppose que je ne vais pas me faire des amis parmi les #payetonauteur en écrivant ce post dans lequel je vais assumer que oui, je fais des salons, et non, je ne suis pas payée pour y aller, mais ce post est indispensable à l'approche de la période estivale où les salons pullulent comme des fans au concert de Julien Doré.
Et pour tout jeune auteur qui se respecte, un salon, c'est une étape importante qu'il ne faut pas rater. Petit guide de survie.
#1 Bien choisir sa place dans le train
Les premiers salons pour un jeune auteur, c'est un peu comme arriver dans un nouveau lycée plusieurs weekends par an. Quand on est nouveau, on ne connait personne donc compliqué de se dire qu'on va passer le week-end seul et désespéré, à errer loin des groupes de gens cools qui vont faire les déj . apéro . diners . soirées ensemble (donc sans toi).
La bonne nouvelle, c'est qu'il y a toujours quelqu'un d'autre de ta maison d'édition qui voyage avec toi. Mon premier conseil, c'est de rester avec ce collègue d'infortune (pour peu qu'il soit sympa) et de suivre le train (so to speak). Avec un peu de chance, c'est un des cool kids from the block qui connaitra d'autres gens cools.
#2 Laisser son régime chez soi
La première étape à l'arrivée du train en gare, c'est l'apéro de bienvenue. Souvent l'apéro du déjeuner suivi par un déjeuner de groupe ou un cocktail.
Idem, ne tente pas de faire le timide et de prendre une place à la table que personne ne veut. Suis tes nouveaux amis et mange avec eux. Malgré une croyance populaire, les auteurs ne sont pas des gens pompeux qui passent leur temps à parler en figures de style. Et un salon, c'est une version longue de la pause "machine à café". Certes, on peut y parler chiffon (et on en parlera) mais on a aussi envie / besoin de parler des choses de la vie. Donc mange, et parle (de toi, pas de ton livre). C'est au public qu'on vend son livre, pas aux nouveaux copains :)
#3 Sois ami avec les gens qui organisent le salon
Déjà, ces gens ont pris la peine de t'inviter alors que tu n'es pas Leila Slimani ou Jean Teulé. Ensuite, ils sont très souvent bénévoles et prennent sur leur temps personnel pour amener la culture (et donc ton livre) dans leur région. (Oh mon Dieu, j'ai dit qu'ils n'étaient pas payés et qu'ils étaient bénévoles ? Je sens un hashtag #payetonsalonier arriver sur Twitter …). Bref, vous êtes tous là pour le même but : que les gens lisent et soient heureux (sans avoir à boire de café). Ces gens méritent ton respect éternel. Souvent ils seront adorables avec toi, n'en abuse pas et dis merci.
#4 Amorcer la discute avec tes voisins de signature
Un bon voisin peut faire toute la différence. Souvent, ça sera le même pote de ta maison d'édition que tu suis depuis le train (#stalkermuch?) Mais parfois, la vie te réservera des surprises et tu te retrouveras à côté d'un auteur que tu ne connais pas (alors que c'est un type très connu) ou qui vend un livre à l'opposé du tien. Qu'à cela ne tienne, un auteur reste un auteur et les règles du déjeuner s'appliquent. Le public viendra plus facilement voir une table où les gens ont l'air de bien se marrer que sur un stand où on tire la tronche. Avec un peu de chance, vous finirez pas faire de la vente croisée, chacun disant que le livre de l'autre est celui qu'il faut acheter, absolument ! et hop, le tour est joué.
#5 Ne pas en vouloir aux gens qui passent, prennent ton livre, le reposent, et fuient.
Il y en aura sur tous les salons et, des dires des auteurs beaucoup plus connus, même sur des livres qui ont eu très bonne presse et qui ont très bien vendu. Tu ne sauras pas quoi leur dire vu que eux ne te parlent pas (tu peux tenter un bonjour! amical, ni tout enthousiaste, ni trop feignasse), et tu seras angoissé comme un enfant le matin de Noël en le regardant en silence lire la 4ème de ton livre. Tu te demanderas parfois combien de fois il va la relire vu le temps qu'il garde ton livre en main. A chaque seconde grandira l'espoir qu'il emporte le précieux sésame avec lui et te dise un nonchalant "oui, je vais le prendre."
Que nenni ! Il le repose et part sans l'accorder un regard. Rassure-toi, ton voisin et nouvel ami compatira et vous glousserez gentiment.
Et pour tous ceux qui t'ignoreront, tu auras des lecteurs hyper heureux de pouvoir enfin te rencontrer ou juste contents de te découvrir :)
#6 Dire des choses utiles à la table ronde
Si tu as la chance de faire une table ronde en étant un jeune auteur relativement inconnu, saute dessus. D'aucuns diront que tu dois refuser si tu n'es pas payé. Je n'en fais pas partie. Tant que ton nom seul n'est pas suffisant pour remplir la salle, ta présence à la table ronde est totalement remplaçable. Alors qu'une table ronde, c'est un beau moment de partage. Tu as une heure pour parler devant un public parfois sporadique pourquoi tu écris, pourquoi tu aimes les livres. N'essaye pas de raconter ton livre ou de forcer le trait en mode "c'est le mien le meilleur des livres" mais de rester sur la trame de l'animateur. Rien de pire que de sentir qu'on tire la couverture à soi, surtout dans un salon d'été.
#7 Ne pas rater le goûter
Tout salon s'accompagne d'une petite pièce (parfois grande) où tu peux aller prendre un goûter en journée. C'est un endroit protégé des hordes en délire qui hurlent ton nom pour avoir une signature sur ton livre. Protèges-y toi ! Le café sera souvent tiède mais tu pourras y manger des tas de choses à fort indice glycémique.
Point positif: c'est là que tu pourras discuter avec d'autres auteurs de choses d'auteurs (ton prochain livre, ton livre actuel, ton éditeur, tes droits d'auteur, mais quand même à midi, on a vraiment bien mangé, etc.)
#8 Ni l'apéro, aussi
Car une fois le salon fermé, ne fuis pas dans la chambre d'hôtel gentiment payée par ton éditeur (oui on oublie de dire que ce week-end est intégralement financé par ta maison d'édition ou les organisateurs, depuis le train jusqu'aux restos, même les notes de frais du Relay H de la gare Austerlitz). Traine avec les auteurs autour d'une, deux, dix bouteilles de rosé et refais le monde. Tu peux ne pas boire (j'ai fait tous mes salons sans boire une goutte d'alcool) mais ces rares moments sociaux entre auteurs sont la plus belle des récompenses. Alors que nous sommes le reste du temps seuls chez nous à écrire, ces parenthèses de sociabilité et de partage sont une bouffée d'air frais.
#9 Dire merci
Merci aux organisateurs qui t'apportent un thé sur ton stand avec sourire, à l'agent de mairie qui te ramène au train dans sa Twingo jaune, à l'auteur super connu qui parle avec toi pendant une heure au café et qui te fait sentir one of them, aux lecteurs qui prennent ton livre fébrilement pour une dédicace, et à tous les auteurs très chouettes que tu as rencontrés.
Comme ça avec un peu de chance, tu seras ré-invité pour ton prochain livre :)