Lettre d'un Auteur Occasionnel
Cela fait bien six mois que je n'ai pas écrit sur mon blog ... J'aurais aimé avoir le temps de vous parler de mon long séjour à Los Angeles pour les recherches de mon futur roman, des derniers salons de l'année, des premiers salons de l'année, de mon voyage à Rome, et du Salon du Livre, et puis ...
Entre l'écriture du nouveau roman et ma deuxième start-up, le temps m'a manqué. Et c'est aussi pour ça que je prends le temps d'écrire aujourd'hui. Car le temps manquera toujours mais que ça ne devrait pas être une excuse. Mes journées ne vont pas aller en étant plus calmes, moins stressantes, moins chargées. C'est le prix à payer pour vivre deux vies mais ce sont les vies que j'aime. Ce sentiment de faire mille choses, d'essayer chaque jour d'amener ma pierre à l'édifice, de construire par mon imaginaire des choses, des livres, des start-ups, des évènements. Pourtant, cela ne plait pas à tout le monde.
![Carole, la nuit qui écrit des livres.](https://static.wixstatic.com/media/b48757_91b2aaf60c664616b0e7af3681a109cc~mv2_d_2500_1667_s_2.jpg/v1/fill/w_980,h_653,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/b48757_91b2aaf60c664616b0e7af3681a109cc~mv2_d_2500_1667_s_2.jpg)
Carole, la nuit, qui écrit des livres.
Pour moi, l'énergie créatrice qui m'anime s'est toujours exprimée de manière très hétéroclite.
J'ai été comédienne.
J'ai été professeur de fac.
J'ai été scénariste.
Je suis startuppeuse.
Je suis écrivain.
Et ce n'est pas parce que j'ai fait toutes ces choses que je les ai mal faites ou faites à moitié. Je remercie d'ailleurs Madame Figaro d'avoir compris la pluralité de cette personnalité atypique qu'est la mienne dans l'article paru il y a quelques semaines. Ce qui motive aujourd'hui la rédaction de ce billet que je vous dois depuis longtemps, c'est une expérience au Salon du Livre Paris le mois dernier. Je me suis entendue dire par un auteur littérature jeunesse du mouvement #PaieTonAuteur que j'étais un "auteur occasionnel". Sur le coup, j'étais un peu vexée, qu'il me considère comme une imposture car j'avais fait le choix d'alimenter ma curiosité et ma création sur d'autres vecteurs. (Et en jugement sous-jacent, de choisir de faire de l'argent autrement que par mon art, comme si c'était un mur de verre qu'il ne fallait pas traverser). C'est un sentiment que j'avais déjà connu, à l'époque où j'étais comédienne et que certaines filles avec qui je travaillais estimaient que c'était scandaleux que je prenne la place d'une "vraie comédienne" en tenant un rôle presque un an tous les soirs au théâtre. Je vous passerai les horreurs que j'ai entendues quand il a été annoncé que j'avais été choisie pour intégrer l'Atelier de Niels Arestrup au théâtre de l'Oeuvre alors que certaines d'entre elles n'avaient même pas été convoquées aux auditions. Idem quand j'ai tourné dans Taken 3, certaines étaient choquées que je puisse avoir trois jours de tournage pour un infime rôle dans un film américain alors que la journée, j'allais à la fac pour donner des cours plutôt que de courir les castings de pub.
Pourtant, chacune de ces étapes n'a fait que me conforter dans l'idée que j'avais le droit d'être cette personne plurielle.
![Carole, le jour dans Quotidien sur TMC](https://static.wixstatic.com/media/b48757_f5e15ac1ac7a4172ac11600e97207f23~mv2_d_2869_1622_s_2.png/v1/fill/w_980,h_554,al_c,q_90,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/b48757_f5e15ac1ac7a4172ac11600e97207f23~mv2_d_2869_1622_s_2.png)
Carole, le jour dans Quotidien sur TMC
Je suis qui je suis justement car je suis toutes ces femmes à la fois. J'aime écrire. J'aime diriger ma startup. Développer des nouveaux produits, lancer des campagnes marketing, parler avec mes clientes, rencontrer des investisseurs. J'aime me poser seule face à mon ordinateur à six heures du matin pour retrouver mes personnages et écrire quelques paragraphes, lire et relire des classiques, des essais, passer des heures à regarder des documentaires pour m'informer sur les sujets dont j'écris. J'ai dix ans de thèse dans les jambes, je n'ai pas à rougir de mon travail, ni de sa qualité, ni de mes ambitions en tant qu'auteur. J'ai reçu de belles critiques pour mon premier roman, et je ne suis qu'à l'aube de ma carrière. Il me reste beaucoup de choses à construire, que ça soit avec ma startup ou dans ma carrière d'auteur. Il me reste tant de livres à écrire, d'histoires dans lesquelles faire grandir mes idées sur la relation entre l'humain, l'amour, la mort, la douleur, les paradoxes de nos vies modernes, les décisions imparfaites qui font la richesse et la complexité de l'âme humaine.
Alors aujourd'hui, je peux dire avec fierté que j'espère que je resterai longtemps cet "auteur occasionnel" qui fait le choix de vivre plusieurs vies pour grandir, apprendre, regarder le monde de mille façons, depuis mille pays, dans mille langues plutôt que de rester dans mon microcosme et de ne fréquenter que des gens de mon milieu pour mériter un badge d'auteur dont certains m'estiment indigne. Je suis fière de gagner ma vie en tant que startuppeuse et d'avoir un à -côté sympathique grâce à mon deuxième métier d'écrivain. Je suis fière d'essayer par mon implication dans le monde de l'innovation d'aider à définir le monde de demain, et je suis tout aussi fière de pouvoir par mes livres de partager des réflexions sur le monde d'aujourd'hui ou ceux d'hier.
Alors, cher auteur du Salon du Livre qui était si prompt à me mettre dans une boîte, si on remonte loin dans l'histoire, je suis référencée à la SACD depuis 1998 à l'âge de quatorze ans pour mon tout premier scénario, RainyDay, nominé au Prix du Meilleur Scénariste Junior du Festival du Film de Paris.
Cela fait presque 20 ans que je suis "un auteur occasionnel" qui vit mille vies, et que j'en suis fière.