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Nous ne Parlerons Plus en "Si".

Photo du rédacteur: CaroleCarole


 Il y a deux ans, nous avons découvert l'horreur innombrable du terrorisme de masse. 

J'aimerais dire que le sentiment qui m'habite depuis est né ce 13 Novembre 2015 mais ce n'est pas vrai. Cette étrange folie qu'on appelle mass shooting est malheureusement monnaie courante aux Etats-Unis. Nous avions été marqués par le 11 Septembre qui marquait la première attaque continentale étrangère depuis la guerre du Mexique en 1846. Nous avions été très affecté par la tragédie de Virginia Tech en 2007, lorsqu'un fou avait tué 32 personnes sur un campus qui n'était pas loin du nôtre. Nous avions déjà été formés aux procédures d'urgence, aux réactions à avoir en cas de lock down, aux mesures de sécurité. Rester loin des fenêtres, barricader les portes avec des tables. Eviter les mouvements de foule. Attendre. Toujours attendre. 

J'avais toujours cru ces parades réservées aux Etats-Unis où des tireurs fous sévissent tous les ans de manière aléatoire. C'était étrange, mais je m'étais habituée à l'existence de cette possibilité, à l'éventuelle tuerie, la probable hérésie d'un jeune con armé. Je n'avais pas été surprise quand j'étais tombée nez à nez avec une cohorte de SWAT armée jusqu'aux dents dans le métro de New York en pleine journée. Je n'étais pas surprise de voir des policiers avec des gilets par-balle arpenter les rues d'Atlanta. J'en avais même fini par trouver normal les détecteurs de métaux à l'entrée du DMV quand j'allais chercher des papiers pour mon permis de conduire. 

Et quand le 13 Novembre est arrivé, ce fut une des premières choses à laquelle j'ai pensée. Que notre nouvelle réalité serait faite de militaires en patrouille, d'état d'urgence et de plaquettes que faire en cas d'attentats ? collées dans les ascenseurs des bâtiments publiques. Que nous ne serions plus surpris ni choqués de tomber nez à nez avec un Sentinel armé en pleine rue, en pleine journée. Que les gilets en Kevlar ne susciteraient plus chez nous l'inquiétude de l'exceptionnel mais la ré-assurance de l'angoisse quotidienne. 

Quand je prends le métro à Londres, à Paris, je repense à ce temps il y a cinq ou dix ans où j'étais une des rares à angoisser à l'idée d'une attaque, d'un fou isolé qui aurait comme à VA Tech, à Sandy Hook, à Littleton, ou à Sutherland Springs encore le mois dernier, exécuté par dizaines des innocents au nom d'une doctrine ou d'une vengeance qui ne les concernait pas. Depuis les attaques de Paris, de Londres, de Bruxelles, de Manchester, nous vivons tous avec cette angoisse de la prochaine fois. Nous ne parlons plus avec des si, mais avec des quand. 

J'avais passé la nuit du 13 Novembre enfermé dans un bureau non loin de l'Ambassade d'Israël à Paris. Byron était resté à la maison. Les appels de mes parents, de mes amis, des Etats-Unis avaient fusé. Nous disions sur Facebook que nous étions sains et saufs. Nous étions seuls face à la terreur et désormais dans notre angoisse collective, nous sommes unis. Unis dans l'habitude de cet état d'urgence et du paysage de notre quotidien qui a été probablement à jamais altéré. 

Je pense à ces victimes du 13 Novembre 2015, et à toutes celles de la folie des hommes qui s'arment à défaut de patience. J'aimerais avoir les mots mais il n'y en a pas. Juste le silence, ce long silence qui s'étend à la suite des basses commotions. 


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© 2020 by Carole Llewellyn

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