Pourquoi nous écrivons tous des romans différents ?
Ces dernières semaines, j'ai été assez prise avec le déménagement et les derniers préparatifs du livre. J'ai donc eu assez peu de temps à consacrer au blog, ce qui m'a permis de me recentrer sur ce qui était vraiment important.
Je voulais mettre sur ces blogs des choses "importantes" avec une ligne éditoriale cohérente, comme le font les nouveaux bloggeurs qui débarquent avec des belles espérances pour leur blog. Qu'il y ait un build-up pertinent jusqu'à la publication de mon roman en Avril, pour que le cheminement qui m'a amené jusque là apparaisse à mes lecteurs comme une évidence.
Je ne me suis pas recentrée sur ce qui était vraiment important, je me suis recentrée sur le mundane, le prosaïque. Faire et défaire des cartons. Faire et défaire des choix de déco. Des tours aux rayons déco de Maisons du Monde et de Madura. Rien qui ne soit vital, mais tout qui soit nécessaire. Bassement. Prosaïque.
Car ce qui m'est vital, c'est d'être nourrie. D'avoir un os. De ronger. Le confort, le chaos, la platitude, ces choses me sont nocives quand j'écris. J'ai besoin de trouver dans les ténèbres, dans la fureur une sorte de sérénité qui me pousse à écrire.
Je sais que je vais avoir droit à la question "quelle partie de vous se trouve dans ce livre?" et je vais répondre qu'il y a toujours une partie de l'auteur dans son livre mais que ma vie, à titre personnelle, n'est clairement pas assez intéressante pour mériter un livre en entier. Ce qui est vrai.
J'ai commencé il y a quelques mois un nouveau roman qui porte un titre improbable, un titre "de travail", que je me force à écrire en français mais qui s'appelle The Husband. Il n'y a rien qui m'appartienne dans cette histoire mais chaque jour je me retrouve dans un personnage, chaque jour une anecdote me revient et trouve un bruit, un mot, une couleur dans le livre.
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Car la vérité est là. Nous ne sommes pas des robots, nous ne pouvons pas écrire sans être influencés par qui nous sommes ni ce que nous vivons. Je suis la somme de toutes mes peurs, de toutes mes angoisses. La somme de toutes mes ambitions, de tous mes échecs. Je dois trouver un fond et une forme pour chaque phrase, chaque mot, chaque chapitre et des minuscules particules de moi s'insèrent en filigrane sur chaque page. C'est ce qui fait que cette histoire sera écrit de cette manière-là par moi et que si Leïla Slimani, Jennifer Murzeau ou même Jérôme Garcin avaient écrit une histoire absolument similaire, cela aurait donné quatre livres radicalement différents.
Car nous sommes la somme de toutes nos peurs et de toutes nos angoisses et dans chacun de nos livres se cache une expression de nous-même.
Deal with it.