You Spin My Head X La Ronde
La Ronde fait partie de ces pièces connues sans être connues qui à travers les âges ont gardé une sévérité, une vérité intrinsèque qui démontre que les ressorts amoureux ont toujours opérés de la même manière (et le feront probablement toujours.)
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En 2012, j'ai joué une version un peu subversive de La Ronde mise en scène par Ronan Viard au Théâtre de l'Aktéon. En pleine polémique sur le mariage pour tous, le choix avait été fait de transformer un des personnages féminins (Léokadie, la Prostituée) en un homme et un des personnages masculins (l'Auteur) en femme. Comme je suis la comédienne-écrivain biculturelle du coin, on pense souvent à moi pour jouer un écrivain ou bien une américaine (merci EuropaCorp :D). Dans notre version de La Ronde, je jouais une auteur lesbienne tour à tour vampirisante avec une jeune fille influençable puis fascinée dans sa soumission pour une comédienne très solaire jouée par mon amie Déborah Durant. Deux versants d'une personnalité paradoxale qui s'expriment chez Schnitzler à travers les deux scènes de chaque personnage.
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Car c'est bien de la dualité de l'être dont il est question chez Schnitzler. Chaque personnage se retrouve confronté à ses extrêmes en réponse aux personnages auxquels il est confronté. Tour à tour coupable, faible, enjoué, moralisateur, dépassé, amoureux, stérile, chacun porte sur ses segments la beauté et la complexité du paradoxe humain, qui fait que chacun n'est jamais unique mais répond toujours à la stimulation de l'autre. C'est une question qui en tant qu'auteur et comédienne me taraude toujours beaucoup, le fait de savoir dans quelle mesure l'être réagit pour soi ou en fonction de l'autre.
Ces questionnements sont mis en lumière d'une manière absolument fascinante par Anne Kessler qui a complémenté la ronde d'un chef d'orchestre à la recherche du couple qui l'a engendré. Cette idée de génie donne un dynamisme et un enjeu supplémentaire à une pièce déjà très riche en émotions et permet de prendre encore plus à partie le spectateur.
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La Ronde fait partie de ces pièces dont vous ressortez comme d'un poème de Coleridge, le cœur plus lourd mais certainement plus sage, débarrassé des illusions de jeunesse d'un amour parfait mais avec une plus grande tolérance pour le fatalisme face à la frivolité du sentiment humain. Like I said, sadder but wiser men.