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What's in a (name) title?

Photo du rédacteur: CaroleCarole

Romeo & Juliet est le premier livre que j'ai eu en anglais et que j'ai lu. J'adore la tirade de Juliet sur l'importance du nom de Romeo et la grande question - qu'y a-t-il dans un nom?

Quand je débute un écrit (scénario, roman, ou même un article universitaire), le titre est une des premières choses qui me vient. Je les aime volontairement poétiques, un peu longs, quelque peu énigmatiques, souvent inspirés par quelque chose d'extérieur. Quand le titre ne me vient pas, j'utilise un titre de travail, un peu à la Woody Allen et ses Untitled Project, en attendant de trouver le titre.

Mon tout premier scénario à 14 ans avait un titre un peu médiocre (Rainy Day -- hautement créatif...) mais il est devenu When Rain May Come l'année suivante, inspiré par le "what dreams may come" de Hamlet. The Painted Room, le premier manuscrit que j'ai écrit en anglais, tenait son titre de "Painted Black" des Rolling Stones. Mon premier manuscrit en français, Le Dernier Refuge, avait lui aussi un titre inspiré, cette fois, du 2ème Psaume de la Bible.



Le problème était que le titre était à nouveau en anglais, ce qui posait un problème pour le vendre sur le marché français. Nous sommes donc avec mes deux éditrices parties à la recherche d'un nouveau titre pour ce roman, quelque chose qui raconterait l'histoire d'un amour, l'histoire d'une perte, l'histoire de Dieu et qui serait à la hauteur du titre anglais que j'aimais beaucoup.

Nous avons trouvé.

J'ai l'immense plaisir de vous annoncer que le titre sera "Une Ombre Chacun", un vrai coup de coeur de nous trois et une évidence quand il est arrivé jusqu'à nous. C'est un extrait d'un de mes poèmes préférés en français, "Nuits Partagées" de Paul Eluard qui est une magnifique ode au couple et à la solitude, ce qui va magnifiquement avec le sujet du livre. C'est un texte que je connais depuis très longtemps, que j'ai joué sur scène quand j'étais adolescente et qui m'a permis de valider mon audition d'entrée au cours de M. Niels Arestrup en 2012. Pour fêter ça, on l'a même mis sur mon gâteau d'anniversaire :)


"Au terme d'un long voyage, je revois toujours ce corridor, cette taupe, cette ombre chaude à qui l'écume de mer prescrit des courants d'air purs comme de tout petits enfants, je revois toujours la chambre où je venais rompre avec toi le pain de nos désirs, je revois toujours ta pâleur dévêtue qui, le matin, fait corps avec les étoiles qui disparaissent. Je sais que je vais encore fermer les yeux pour retrouver les couleurs et les formes conventionnelles qui me permettent de t'aborder. Quand je les rouvrirai, ce sera pour chercher dans un coin de la pièce l'ombrelle corruptible à manche de pioche qui me fait redouter le beau temps, le soleil, la vie, car je ne t'aime plus au grand jour, car je regrette le temps où j'étais parti à ta découverte et le temps aussi où j'étais aveugle et muet devant l'univers incompréhensible et le système d'entente incohérent que tu me proposais. Nous avons refusé de laisser entrer les spectateurs, car il n'y a pas de spectacle. Souviens-toi, pour la solitude, la scène vide, sans décors, sans acteurs, sans musiciens. L'on dit : le théâtre du monde, la scène mondiale et, nous deux, nous ne savons plus ce que c'est. Nous deux, j'insiste sur ces mots, car aux étapes de ces longs voyages que nous faisions séparément, je le sais maintenant, nous étions vraiment ensemble, nous étions vraiment, nous étions, nous. Ni toi, ni moi ne savions ajouter le temps qui nous avait séparés à ce temps pendant lequel nous étions réunis, ni toi, ni moi ne savions l'en soustraire.

Une ombre chacun, mais dans l'ombre nous l'oublions."

Paul Eluard, "Nuits Partagées"

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© 2020 by Carole Llewellyn

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